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EPF GRAND EST

Les EPF accompagnent les collectivités locales dans leurs projets de production de logements, notamment sociaux, d’équipements publics et de développement urbain et économique dans toutes les temporalités et sur tous les types de fonciers en recyclage. Chaque établissement a développé et adapté des modalités d’intervention propres à son histoire et aux spécificités de son territoire, tout en tenant compte des orientations stratégiques que lui fixe l’État.

« Nous sommes tous des acteurs de la ville, malgré nos différences. »

Partenaire des Assises Nationales du Foncier et des Territoires, Alain Toubol, directeur général de l’Établissement Public Foncier (EPF) Grand Est, revient sur le rôle crucial de son institution dans l’aménagement du territoire. À la tête du réseau des EPF d’État, il partage les récentes réalisations de son établissement et souligne l’importance de la sobriété foncière et du recyclage des friches industrielles.

Quelle place a le foncier dans vos activités ?

Le foncier est au cœur de l’activité des EPF. Plus précisément, c’est le portage foncier, fléché sur le foncier déjà utilisé, qui en est le pivot. Le rôle d’un EPF est de porter le foncier pour les collectivités qui ont l’ambition d’un projet pour leur territoire. Pendant le temps du portage, les fonciers acquis par l’EPF font l’objet d’une gestion intercalaire et potentiellement de travaux lourds de préparation (désamiantage, déconstruction, gestion des pollutions) afin de les remettre dans de bonnes conditions d’utilisation sur le marché immobilier pour les projets des collectivités.

Les EPF d’État sont un soutien permanent à la production de logements, en particulier de logements sociaux, spécialement dans les secteurs déficitaires ou carencés, mais aussi au développement économique des territoires (restructuration de ZAE, portage de long terme, recyclage de friches…). Ils peuvent également se mobiliser de manière contracyclique dans les périodes de crise. Les EPF d’État sont pleinement engagés dans la transition écologique. Leur rôle anticipateur et amont est plus central que jamais dans les problématiques actuelles du foncier.

Quelles sont vos dernières réalisations ?

Les projets les plus emblématiques sur lesquels travaillent les équipes de l’EPFGE sont directement tournés vers la réindustrialisation. Je pourrais évoquer les lourds travaux de gestion des pollutions sur l’ancienne cokerie de Carling à Saint-Avold en Moselle, en partenariat avec la communauté d’agglomération de Saint-Avold. Ce site de plus de 50 hectares, acquis en février 2023, doit accueillir, sur près de 20 hectares, dès 2025, la construction d’un complexe industriel de recyclage de PET. Ces travaux de préparation des sols se déroulent dans un calendrier extrêmement contraint pour s’adapter aux enjeux industriels et d’emplois majeurs pour le territoire.

Le recyclage de la friche « Deville » est un autre projet majeur de réindustrialisation. Il va permettre d’implanter une maroquinerie Hermès à Charleville-Mézières en 2026, dans un temps record de recyclage, grâce au partenariat avec la communauté d’agglomération Ardenne Métropole, la ville de Charleville-Mézières et le département des Ardennes. La friche « Deville », un site de 32 hectares entièrement bâti en cœur de ville, autrefois lieu de production de fonte, a été acquis en 2023 et sera désamianté, déconstruit et dépollué par l’EPF du Grand Est. Ce recyclage de foncier est porteur de la création de 300 emplois sur le territoire.

Quelle innovation technologique ou méthodologique vous semble prometteuse dans le cadre de vos activités ?

Les solutions de montage partenarial que peuvent apporter les démembrements de propriété, quels qu’ils soient, sont à étudier de très près pour sortir les projets dans de bonnes conditions financières et juridiques, respectueuses des objectifs des différentes parties prenantes au projet. À l’EPFGE, nous avons trouvé un intérêt à développer les cessions d’usufruit aux collectivités pendant le portage ; de cette façon, elles peuvent lancer leur projet dans de bonnes conditions globales tout en permettant à l’EPF de rester dans son rôle d’opérateur foncier.

Le public des Assises nationales du foncier et des territoires est très hétéroclite (politiques, acteurs institutionnels, grands propriétaires, aménageurs, acteurs de la promotion et de la construction, bailleurs sociaux, acheteurs et investisseurs, associations, chercheurs et universitaires…). Quel message souhaitez-vous lui faire passer ?

Nous sommes tous des acteurs de la ville, malgré nos différences et les différents angles d’analyse légitimes que chacun peut porter sur la problématique foncière. Pour avancer, il faut dépasser la tentation de chercher des coupables et savoir travailler ensemble pour sortir les projets sur les territoires. Savoir se parler est un apprentissage par lequel nous devons tous passer ; c’est peut-être le cœur des politiques foncières des 10 prochaines années.

Parmi les onze thématiques des Parcours des assises, laquelle vous semble la plus urgente à traiter ?

La thématique « Adapter nos territoires urbains au changement climatique » me paraît essentielle, et elle inclut les enjeux du ZAN. Pour infléchir notre inertie collective, il faut du temps, et c’est à mon sens aujourd’hui qu’il faut commencer à produire cet effort.

Laquelle résonne le plus avec les défis que votre organisation rencontre actuellement ?

Le rôle de l’EPFGE dans l’adaptation des territoires face au changement climatique est une préoccupation majeure de l’Établissement.

Laquelle aborde le thème qui représente pour vous l’opportunité la plus prometteuse pour innover ?

Certainement l’anticipation par l’élaboration de stratégies foncières adaptées aux territoires.

Laquelle, bien que peut-être éloignée de vos préoccupations quotidiennes, vous rend le plus curieux ?

Le thème sur la menace pesant sur les terres agricoles.

Laquelle voyez-vous comme la plus complexe à résoudre et pourquoi ?

Les problématiques du foncier sont systémiques ; je n’en imagine pas une plus complexe à résoudre que d’autres si elles sont prises indépendamment les unes des autres. La complexité du foncier est globale.

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